Depuis bien longtemps, je souffre de t'attendre sans espoir. Le souvenir rode de l'étreinte chaude de nos premiers soirs. Lorsque tu reviendras chercher, près de moi, le parfum tendre de nos premiers émois, je te dirai les deux mots d'adieu, les deux mots: "Je t'aime"; ils me diront ton retour vers moi, tout nouveau baptême. Tu me diras combien ton exil fut triste, je te dirai combien mon coeur te pleura; tu fermeras tes yeux d'améthyste pour mieux goûter, entre mes bras, les mots que je dirai quand tu reviendras. Puis, des jours viendront, jours tristes traînant leur monotonie, et nos corps lassés fuiront le passé et sa poésie. Lorsque tu partiras chercher, loin de moi, le parfum trouble de plus aînés émois, je te dirai tout bas les deux mots éternels: "Je t'aime" et tu les emporteras comme un souvenir suprême. Tu t'en iras sans un mot d'adieu, hautaine; sans un regret, sans larmes tu t'en iras. Je chercherai, pour crier ma peine les mots murmurés dans tes bras, les mots que je te dirai quand tu t'en iras.