J'aurai encore laissé passer l'hiverSans refaire la charpente mangée aux versEt ni enfin écrire cette lettreSur l'amour, sur le vide rongeant l'êtreJ'aurai aimé mal, très, toutes mes femmesMal entretenu tous mes feux et flammesJe n'aurai pas vu le mot sous la porteMais j'aurai hurlé dans des sonos mortesJ'aurai mal parlé pour mes espérancesDépensé tout le bien de mes parentsDans toutes les danses perdu mon pasFait le coup de poing où il fallait pasJ'aurai convoqué les mots et les dieuxSans retenir l'eau crevant le barrageNi les poissons d'or sautant dans tes yeuxNi la silhouette avec son bagageJ'aurai attendu longtemps l'aube et l'hommePuis je me serai endormi trop tôtQuand j'étais peut-être l'aube et cet hommeJ'ai froid dans mon manteauLa nuit se dévide et le soleil fondEt j'aurai laissé courir sur son aireLe beau bateau. Il est échoué sur les hauts-fondsDe tes yeux, ton silence, ton désert !J'aurai laissé mon fils comme un voleurFuir par la porte étroite sous mon cœurS'en alla chercher une balle au frontMon petit combattant, ma ressemblance...J'aurai toujours pris la vie de très hautEt sans avoir pas trahi père et mèreJ'aurai laissé par le carreau cassé entrer l'hiverJ'aurai laissé mourir de froid tous mes oiseaux