Mamadou m'a dit Mamadou m'a dit On a pressé le citron On peut jeter la peau Les citrons, c'est les négros Tous les bronzés d'Afrique Sénégal, Mauritanie Haute-Volta, Togo, Mali Côte d'Ivoire et Guinée Bénin, Maroc, Algérie Cameroun et tutti quanti Les colons sont partis avec des flons-flons Des discours solennels, des bénédictions Chaque peuple, c'est normal, dispose de lui-même Et doit s'épanouir dans l'harmonie Une fois qu'on l'a saigné aux quatre veines Qu'on l'a bien ratissé et qu'on lui a tout pris Les colons sont partis Ils ont mis à leur place Une nouvelle élite Des noirs bien blanchis Le monde blanc rigole Les nouveaux c'est bizarre Sont pires que les anciens C'est sûrement un hasard Le monde blanc rigole quand un petit sergent Se fait sacrer empereur avec mille glorioles Après tout, c'est pas grave, du moment que les terres Produisent pour les blancs ce qui est nécessaire Le coton, l'arachide, le sucre, le cacao Remplissent les bateaux saturent les entrepôts Après tout, c'est pas grave Les colons sont partis Que l'Afrique se démerde Que les paysans crèvent Les colons sont partis Avec dans leurs bagages Quelques bateaux d'esclaves Pour ne pas perdre la main Quelques bateaux d'esclaves pour balayer les rues Ils se ressemblent tous avec leur passe-montagne Ils ont froid à la peau et encore plus au cœur Là-bas, c'est la famine et ici la misère Et comme il faut parfois manger et puis dormir Dans les foyers taudis on vit dans le sordide Et puis un jour la crise Nous envahit aussi Qu'on les renvoie chez eux Ils seront plus heureux Qu'on leur donne un pourboire Faut être libéral Et quant à ceux qui râlent Un bon coup de pied au cul Vous comprenez, Monsieur, c'est quand pas normal Ils nous bouffent notre pain, ils reluquent nos femmes Qu'ils retournent faire les singes dans leurs cocotiers Tous nos bons nègres à nous qu'on a si bien soignés Et puis, c'qui est certain, c'est qu'un rien les amuse Ils sont toujours à rire ce sont de vrais gamins