Béranger François

Dans Les Arbres

Béranger François


Des jours entiers dans les arbres 
Pieds dans la terre, tête dans le ciel 
Vivant sur le plus haut d'entre eux 
Accroché à son tronc rugueux 
Je chevauche la bête centenaire 
En regardant les nuages passer 
Des jours entiers dans les arbres 
A écouter le temps passer 

Mes voisins sont des nains géants 
Emigrés des forêts du Rhin 
Les autres tous gris et tous noirs 
Viennent des grands arbres du Congo 
Les grands d'acier et de fureur 
S'épuisent contre des dieux anciens 
Les petits font pour les calmer 
En riant des cris d'oiseaux 

Un vieux pygmée tout déplumé 
Me prend la tête à deux mains 
Et me chuchote en souriant 
Sa vérité innocente 
Tu es bien plus petit que moi 
Et bien plus grand que les géants 
Libère-toi du désespoir 
Evite les mirages de l'espoir 

Vers le soir les géants se calment 
En fumant des herbes magiques 
Qui font les étoiles plus brillantes 
Et moi un peu mélancolique 
Une géante toujours enceinte 
Me prête son bâton phallique 
Pour briser l'armure de la nuit 
Et entrer dans le lit des rêves 

Demain un avion migrateur 
Tissera dans le ciel un sillage 
Ligne blanche sur papier d'azur 
Pour vous dessiner un message