Armande Altaï

Mannequines

Armande Altaï


La dame de cire dans la vitrine 
A fait un clin d'œil nickel. 
Une voix infra-décibel 
Vibre dedans sa poitrine 
Ses doigts de cire s'articulent 
Comme les pattes d'une tarentule. 
Dans une lumière aérosol 
Explose la plaque de verre 
Une main fine passe au travers 
Et agrippe mon épaule 
Dans un cliquetis hystérique, 
Sa bouge rouge bouge clac-clic. 

C'est nous les mannequines, 
C'est nous qui vous observons. 
C'est nous, nous les machines 
C' est nous qui vous codifions. 
Si quelqu'un nous devine, 
Il faut le déconnecter 
Si quelqu'un nous devine, 
Il faut le déchiqueter. 

Des centaines de mannequines 
Qui sortent des magazines 
S' agglutinent de toutes parts. 
Des rangées d'yeux pleins de fard. 
Des myriades d'ongles laqués. 
J' entends de très loin ma voix hurler. 
Le mannequin dans la vitrine, 
La rue vide, tout est clean. 
J'ai dû sans doute tomber par terre, 
Et faire un rêve à l' envers. 
Au fond du silence, pourtant, 
Une rumeur persiste longtemps. 

C'est nous les mannequines, 
C'est nous qui vous observons. 
C'est nous, nous les machines 
C' est nous qui vous codifions. 
Si quelqu'un nous devine, 
Il faut le déconnecter 
Si quelqu'un nous devine, 
Il faut le déchiqueter.